Notre prochain Ministre de l'intérieur, Claude Guéant, ci-devant secrétaire général de l'Élysée, veut porter plainte contre Médiapart, et Bernard Squarcini, patron de la DCRI -Direction centrale du renseignement intérieur-, contre Le Canard Enchaîné, suite aux accusations respectives des deux médias en question quant à l'éventuel espionnage de divers journalistes plongés dans les affaires au sens large, et l'affaire Woerth-Bettencourt en particulier.
Je ne sais pas si Messieurs Guéant et Squarcini ont eu l'occasion de se plonger dans la jurisprudence, mais l' Histoire nous apprend que lorsqu'on est un personnage public il est général préférable, même quand on a été vraiment diffamé, de s'abstenir de porter l'affaire devant les tribunaux, lorsqu'il est question de presse ou de littérature. Même lorsque la décision est favorable, c'est toujours le personnage public qui en prend plein la figure, et il ne s'en sort jamais que sali davantage encore. C'est encore plus vrai lorsque comme M. Squarcini, directeur d'une Centrale discrète, on aurait tout intérêt à toujours soigneusement rester dans l'ombre.
Je ne sais pas non plus si ces deux personnes porteront effectivement plainte la semaine prochaine, mais ils n'ont plus tellement le choix! Vue la tournure prise par les évènements, et leur déclaration comme quoi ils allaient le faire, soit ils renoncent et passent pour des dégonflés, donc forcément pour des coupables, soit ils le font et... s'exposent à un scandale qu'ils auraient mieux fait d'éviter en se taisant. Parce que Le Canard Enchaîné et Médiapart jubilent déjà! Ces deux médias, surtout le premier, ont l'habitude des procès ou d'en être menacés, et ne partent jamais sans billes. D'autant que les plaintes contre les journaux n'amènent, en cas de succès du plaignant, que des réparations financières symboliques qu'il est aisé de prévoir et de provisionner. L'opinion publique n'accepterait de toute façon pas que des médias indépendants soient mis à genoux par des représentants du pouvoir, quelle qu'en soit la raison.
Bref, tout procès sera perdu d'une façon ou de l'autre par les plaignants. Je ne comprends pas que des personnes desquelles on pourrait espérer une pointe de conscience fassent une pareille erreur. Comme je le dis et le répète depuis trois ans, serait-ce qu'encore une fois certains ont perdu une bonne occasion de se taire?
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