Directeur d'école en maternelle depuis maintenant un certain nombre d'années, je n'en reviens pas de la grande solitude dans laquelle mes collègues comme moi-même sommes laissés par tous -administration, médias, syndicats, familles.
Après la création il y a une dizaine d'années d'une association catégorielle, j'avais l'espoir que nous arriverions petit à petit à faire comprendre à notre pays la situation qui est la nôtre: des responsabilités qui s'accroissent sans cesse, un travail de plus en plus prégnant pour des conditions d'exercice de pire en pire, et un traitement -notre salaire à nous- ridicule.
Le plus absurde, c'est peut-être qu'en dépit de continuelles tentatives d'explications de notre part, explications non relayées par qui que ce soit, les familles de nos élèves restent persuadés que nous percevons un salaire important, et que nous sommes les supérieurs hiérarchiques des enseignants de nos écoles.
Or un directeur n'est rien. Il est payé à coups de lance-pierre pour faire fonctionner les derniers relais de l'état dans les plus petites communes, et n'est qu'un enseignant comme les autres qui a accepté de faire fonctionner son école du mieux qu'il peut. Une situation désastreuse. Tellement désastreuse que des milliers d'école se retrouvent chaque année sans directeur, écoles dans lesquelles l'administration de l'éducation nationale nomme en désespoir de cause de jeunes "faisant fonction" qui découvrant rapidement l'ampleur de la tâche et sa grande difficulté tentent rapidement de la quitter.
Après la création il y a une dizaine d'années d'une association catégorielle, j'avais l'espoir que nous arriverions petit à petit à faire comprendre à notre pays la situation qui est la nôtre: des responsabilités qui s'accroissent sans cesse, un travail de plus en plus prégnant pour des conditions d'exercice de pire en pire, et un traitement -notre salaire à nous- ridicule.
Le plus absurde, c'est peut-être qu'en dépit de continuelles tentatives d'explications de notre part, explications non relayées par qui que ce soit, les familles de nos élèves restent persuadés que nous percevons un salaire important, et que nous sommes les supérieurs hiérarchiques des enseignants de nos écoles.
Or un directeur n'est rien. Il est payé à coups de lance-pierre pour faire fonctionner les derniers relais de l'état dans les plus petites communes, et n'est qu'un enseignant comme les autres qui a accepté de faire fonctionner son école du mieux qu'il peut. Une situation désastreuse. Tellement désastreuse que des milliers d'école se retrouvent chaque année sans directeur, écoles dans lesquelles l'administration de l'éducation nationale nomme en désespoir de cause de jeunes "faisant fonction" qui découvrant rapidement l'ampleur de la tâche et sa grande difficulté tentent rapidement de la quitter.
Il est frappant de faire une recherche sur internet pour voir ce qui se dit des directeurs d'école. Une recherche simple n'amène comme résultats que des sites faisant état de nos devoirs et de nos responsabilités. Nous y trouvons heureusement également en tête le site du GDID, l'association que j'évoquais au début de cet article. Une recherche dans l'actualité nous amène une concentration des faits divers les plus nauséeux, dans lesquels est généralement mise en exergue notre prétendue incompétence (et je ne parle pas des commentaires des lecteurs, pour lesquels nous sommes tous bons à pendre ou qui nous traitent de fainéants institutionnels), ou d'évocation de directeurs d'école du bon vieux temps. Une recherche sur les blogs nous donne une suite d'articles consacrés en général à des pseudo-luttes syndicales destinées à défendre toutes les catégories de personnel, ou de soi-disant désobéisseurs, mais rien qui concerne directement la fonction de directeur d'école. Bref, tout cela me donne fâcheusement l'impression d'être un pestiféré.
Peut-être pensez-vous qu'au sein de la profession les conditions de travail des directeurs d'école sont mieux considérées, ou du moins mieux prises en compte? Que nenni! Les syndicats nous ignorent, ou commencent à peine à réaliser nos conditions de travail. Pour certaines centrales syndicales nous n'existons tout simplement pas. Et si l'administration de l'éducation nationale a tenté il y a quelques années de mettre en place une commission de travail sur la "direction d'école", celle-ci s'est très vite enlisée dans les boues du système.
Les directeurs d'école n'existent pas. Pour personne. Les tentatives régulières destinées à alerter les médias se heurtent à des infos parasites -grèves, manifestations plus ou moins spontanées- qui prennent toute la place. Il faut dire qu'il est plus simple pour un gratte-papier de traiter une information sans lendemain qu'il ne prendra pas la peine de vérifier et qui lui permettra de toucher une pige facilement obtenue. Les tentatives pour alerter les syndicats se heurtent à des considérations qui font la part belle aux convictions politiques au détriment de la défense des personnels. Les tentatives pour alerter la population se heurtent à un total désintérêt de familles pour lesquelles nous sommes surtout un mode de garde efficace et pour lequel il ne sera pas nécessaire de débourser grand chose.
Disons-le clairement: nous sommes seuls, totalement seuls, et personne n'a rien à faire de nos problèmes. Nous sommes un engrenage indispensable de la machine, en train de doucement rouiller dans l'indifférence générale, et qui petit à petit perd ses dents. Faut-il attendre que l'engrenage casse? Peut-être alors prendra-t-on en compte et écoutera-t-on les directeurs d'école... mais il sera certainement trop tard.
Peut-être pensez-vous qu'au sein de la profession les conditions de travail des directeurs d'école sont mieux considérées, ou du moins mieux prises en compte? Que nenni! Les syndicats nous ignorent, ou commencent à peine à réaliser nos conditions de travail. Pour certaines centrales syndicales nous n'existons tout simplement pas. Et si l'administration de l'éducation nationale a tenté il y a quelques années de mettre en place une commission de travail sur la "direction d'école", celle-ci s'est très vite enlisée dans les boues du système.
Les directeurs d'école n'existent pas. Pour personne. Les tentatives régulières destinées à alerter les médias se heurtent à des infos parasites -grèves, manifestations plus ou moins spontanées- qui prennent toute la place. Il faut dire qu'il est plus simple pour un gratte-papier de traiter une information sans lendemain qu'il ne prendra pas la peine de vérifier et qui lui permettra de toucher une pige facilement obtenue. Les tentatives pour alerter les syndicats se heurtent à des considérations qui font la part belle aux convictions politiques au détriment de la défense des personnels. Les tentatives pour alerter la population se heurtent à un total désintérêt de familles pour lesquelles nous sommes surtout un mode de garde efficace et pour lequel il ne sera pas nécessaire de débourser grand chose.
Disons-le clairement: nous sommes seuls, totalement seuls, et personne n'a rien à faire de nos problèmes. Nous sommes un engrenage indispensable de la machine, en train de doucement rouiller dans l'indifférence générale, et qui petit à petit perd ses dents. Faut-il attendre que l'engrenage casse? Peut-être alors prendra-t-on en compte et écoutera-t-on les directeurs d'école... mais il sera certainement trop tard.
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