Une très bonne description de l'Education Nationale au milieu de l'excellent "Chagrin d'école" (Gallimard) de Daniel Pennac... Extrait:
"...
Oui, à écouter le bourdonnement de notre ruche pédagogique, dès que nous nous décourageons, notre passion nous porte d'abord à chercher des coupables. L'Éducation nationale paraît d'ailleurs structurée pour que chacun y puisse commodément désigner le sien :
- La maternelle ne leur a donc pas appris à se tenir ? demande le professeur des écoles devant des bambins agités comme des boules de flipper.
- Qu'ont-ils fichu en primaire ? peste le professeur de collège en accueillant des sixièmes qu'il estime illettrés.
- Quelqu'un peut me dire ce qu'ils ont appris jusqu'en troisième ? s'exclame le professeur de lycée devant la propension de ses secondes à s'exprimer sans vocabulaire.
- Ils viennent vraiment du lycée ? s'interroge le prof de fac en épluchant son premier paquet de copies.
- Expliquez-moi ce qu'on fout à l'université ? tonitrue l'industriel face à ses jeunes recrues.
- L'université forme exactement ce que souhaite votre système, répond la recrue pas si bête : des esclaves incultes et des clients aveugles ! Les grandes écoles formatent vos contremaîtres - pardon vos « cadres » -, et vos actionnaires font tourner la planche à dividendes.
- Démission de la famille, déplore le ministère de l'Éducation nationale.
- L'école n'est plus ce qu'elle était, regrette la famille.
À quoi s'ajoutent les procès internes à toute institution qui se respecte. L'étemelle querelle des anciens et des modernes, par exemple :
- Honte aux « pédagogues bêtifiants » ! hurlent les « républicains » pourfendeurs de démagogie.
- À bas les républicains élitistes ! ripostent les pédagogues au nom de l'évolution démocratique.
- Les syndicats grippent la machine ! accusent les fonctionnaires du Ministère.
- Nous restons vigilants ! rétorquent les syndicats.
- Un tel pourcentage d'illettrés en sixième, ça ne se voyait pas de mon temps ! déplore la vieille garde.
- De votre temps le collège n'accueillait que des conseils d'administration en culotte courte, persifle le taquin, c'était le bon temps, n'est-ce pas ?
..."
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Oui, à écouter le bourdonnement de notre ruche pédagogique, dès que nous nous décourageons, notre passion nous porte d'abord à chercher des coupables. L'Éducation nationale paraît d'ailleurs structurée pour que chacun y puisse commodément désigner le sien :
- La maternelle ne leur a donc pas appris à se tenir ? demande le professeur des écoles devant des bambins agités comme des boules de flipper.
- Qu'ont-ils fichu en primaire ? peste le professeur de collège en accueillant des sixièmes qu'il estime illettrés.
- Quelqu'un peut me dire ce qu'ils ont appris jusqu'en troisième ? s'exclame le professeur de lycée devant la propension de ses secondes à s'exprimer sans vocabulaire.
- Ils viennent vraiment du lycée ? s'interroge le prof de fac en épluchant son premier paquet de copies.
- Expliquez-moi ce qu'on fout à l'université ? tonitrue l'industriel face à ses jeunes recrues.
- L'université forme exactement ce que souhaite votre système, répond la recrue pas si bête : des esclaves incultes et des clients aveugles ! Les grandes écoles formatent vos contremaîtres - pardon vos « cadres » -, et vos actionnaires font tourner la planche à dividendes.
- Démission de la famille, déplore le ministère de l'Éducation nationale.
- L'école n'est plus ce qu'elle était, regrette la famille.
À quoi s'ajoutent les procès internes à toute institution qui se respecte. L'étemelle querelle des anciens et des modernes, par exemple :
- Honte aux « pédagogues bêtifiants » ! hurlent les « républicains » pourfendeurs de démagogie.
- À bas les républicains élitistes ! ripostent les pédagogues au nom de l'évolution démocratique.
- Les syndicats grippent la machine ! accusent les fonctionnaires du Ministère.
- Nous restons vigilants ! rétorquent les syndicats.
- Un tel pourcentage d'illettrés en sixième, ça ne se voyait pas de mon temps ! déplore la vieille garde.
- De votre temps le collège n'accueillait que des conseils d'administration en culotte courte, persifle le taquin, c'était le bon temps, n'est-ce pas ?
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