1786 - 1859
Fleur d'enfance
L'haleine d'une fleur sauvage,
En passant tout près de mon coeur,
Vient de m'emporter au rivage,
Où naguère aussi j'étais fleur:
Comme au fond d'un prisme où tout change,
Où tout se relève à mes yeux,
Je vois un enfant aux yeux d'ange:
C'était mon petit amoureux!
Parfum de sa neuvième année,
Je respire encor ton pouvoir;
Fleur à mon enfance donnée,
Je t'aime ! comme son miroir.
Nos jours ont séparé leur trame,
Mais tu me rappelles ses yeux;
J'y regardais flotter mon âme:
C'était mon petit amoureux!
De blonds cheveux en auréole,
Un regard tout voilé d'azur,
Une brève et tendre parole,
Voilà son portrait jeune et pur:
Au seuil de ma pauvre chaumière
Quand il se sauvait de ses jeux,
Que ma petite âme était fière;
C'était mon petit amoureux!
Cette ombre qui joue à ma rive
Et se rapproche au moindre bruit,
Me suit, comme un filet d'eau vive,
A travers mon sentier détruit:
Chaste, elle me laisse autour d'elle
Enlacer un chant douloureux;
Hélas ! ma seule ombre fidèle,
C'est vous ! mon petit amoureux!
Femme ! à qui ses lèvres timides
Ont dit ce qu'il semblait penser,
Au temps où nos lèvres humides
Se rencontraient sans se presser;
Vous ! qui fûtes son doux Messie,
L'avez-vous rendu bien heureux?
Du coeur je vous en remercie:
C'était mon petit amoureux!
L'haleine d'une fleur sauvage,
En passant tout près de mon coeur,
Vient de m'emporter au rivage,
Où naguère aussi j'étais fleur:
Comme au fond d'un prisme où tout change,
Où tout se relève à mes yeux,
Je vois un enfant aux yeux d'ange:
C'était mon petit amoureux!
Parfum de sa neuvième année,
Je respire encor ton pouvoir;
Fleur à mon enfance donnée,
Je t'aime ! comme son miroir.
Nos jours ont séparé leur trame,
Mais tu me rappelles ses yeux;
J'y regardais flotter mon âme:
C'était mon petit amoureux!
De blonds cheveux en auréole,
Un regard tout voilé d'azur,
Une brève et tendre parole,
Voilà son portrait jeune et pur:
Au seuil de ma pauvre chaumière
Quand il se sauvait de ses jeux,
Que ma petite âme était fière;
C'était mon petit amoureux!
Cette ombre qui joue à ma rive
Et se rapproche au moindre bruit,
Me suit, comme un filet d'eau vive,
A travers mon sentier détruit:
Chaste, elle me laisse autour d'elle
Enlacer un chant douloureux;
Hélas ! ma seule ombre fidèle,
C'est vous ! mon petit amoureux!
Femme ! à qui ses lèvres timides
Ont dit ce qu'il semblait penser,
Au temps où nos lèvres humides
Se rencontraient sans se presser;
Vous ! qui fûtes son doux Messie,
L'avez-vous rendu bien heureux?
Du coeur je vous en remercie:
C'était mon petit amoureux!
Portrait de Marceline Desbordes-Valmore, par Nadar.
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