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16 mars 2008

Pulsion de mort...

Ma femme et moi avons regardé en fin d'après-midi le DVD de "Vertigo" de Hitchcock. Ceci a amené une longue discussion, non pas à cause du film, malgré toutes ses indiscutables qualités, mais bien à cause du support...

Avant l'invention du DVD, nous avions un magnétoscope. Nous en avons eu un au milieu des années 80, et curieusement il fut pour Dominique une bouée de sauvetage. Dans les pires moments de sa maladie, elle ne dormait plus la nuit, ce durant des semaines, des mois, des années. Comme j'enregistrais beaucoup de films, Dominique les visionnait de nuit, affalée dans un canapé, trompant l'angoisse en regardant pour la centième fois "Certains l'aiment chaud" ou "Chantons sous la pluie".

Elle m'a raconté ses longues heures de peur, quand rien ne pouvait la rassurer ni la réchauffer. Elle m'a raconté ces années durant lesquelles elle se sentait comme au fond d'un puits, sans aucune lumière ni espérance, quand rien ne peut apporter le moindre plaisir ni la moindre étincelle. Elle m'a raconté comment ses sourires vides n'étaient qu'une façade au désespoir. Elle m'a raconté comment elle passait d'une période noire et désespérée à un léger mieux, puis retombait dans le trou de la maladie et de la dépression la plus sombre. Elle m'a raconté sa première chute en 1983, sa seconde chute qui fut la plus violente après la naissance de notre fille, le diagnostic, la désespérance, la pulsion de mort quand elle seule vous semble une solution raisonnable à ce qui arrive. Elle m'a raconté les épreuves qu'elle vécut ensuite, tombant malade, retombant malade, retombant malade... Elle m'a raconté comment elle s'était courageusement accrochée à nos vies, à ses enfants et à moi. Elle m'a raconté sa dernière chute en 2004, qui fut une des plus difficiles, et comment elle fut aidée à la surmonter en peignant le tableau ci-dessous, et surtout ce qu'il signifie.


Elle m'a raconté aussi une chose qui m'a beaucoup ému, parce qu'autant j'ai pu l'aider durant toutes ces années de vie commune à surmonter l'ombre, comme un fidèle Sam auprès de son Frodon, autant la période qu'elle a évoquée n'était pas à ma portée. Elle m'a dit comment dès son adolescence elle fut enfermée dans son puits, sans hélas en prendre conscience, mais en ressentant le désespoir, et avançant dans la vie sans la comprendre ni l'apprécier, juste une figure, une façade, un visage souriant...

Je comprends mieux maintenant le vide dans ses souvenirs, de 1972 à 1980, ainsi que l'absence de bonheur qu'elle montre quand elle évoque quoi que ce soit de cette période. Elle me l'a redit, elle ne prenait aucun plaisir à rien, faisait ce qu'on lui disait de faire sans surtout jamais y mettre quoi que ce soit d'elle même. Moi qui ai connu une adolescence gaie et sans trop de souci, je ressens ce constat d'échec comme épouvantable. Ce n'est que maintenant qu'elle perçoit qu'elle a pu apprécier telle ou telle chose. Ce n'est que maintenant que rétrospectivement elle sent un peu d'amour ou un peu de joie dans certaines occasions de ce qu'elle a vécu, ou dans ce que certaines personnes ont pu ou voulu lui apporter. Je suis heureux d'avoir récemment participé à sa prise de conscience en ce domaine.

Quand la personne que j'aime le plus au monde me parle de désespoir, j'ai le coeur chaviré. Quand la personne que j'aime le plus au monde me dit à quel point elle se sent bien et heureuse aujourd'hui, j'ai l'âme qui explose en feu d'artifice.


Avec notre fille, mai 1986.

1 commentaire:

thomas a dit…

c'est profond et bien écrit