1300 - 1377
Ne quiers voir
Ne quiers voir la beauté d’Absalon
Ni d’Ulyssès le sens et la faconde,
Ni éprouver la force de Samson,
Ni regarder que Dalila le tonde,
Ni cure n’ai par nul tour
Des yeux Argus ni de joie gringnour,
Car pour plaisance et sans aÿde d’âme
Je vois assez, puisque je vois ma dame.
De l’image que fit Pygmalion
Elle n’avait pareille ni seconde ;
Mais la belle qui m’a en sa prison
Cent mille fois est plus belle et plus monde :
C’est un droit fluns de douceur
Qui peut et sait guérir toute douleur ;
Dont cil a tort qui de dire me blâme :
Je vois assez, puisque je vois ma dame.
Si ne me chaut du sens de Salomon,
Ni que Phoebus en termine ou réponde,
Ni que Vénus s’en mêle ni Mennon
Que Jupiter fit muer en aronde,
Car je dis, quand je l’adore,
Aime et désir’, sert et crains et honore,
Et que s’amour sur toute rien m’enflamme,
Je vois assez, puisque je vois ma dame.
Ne quiers voir la beauté d’Absalon
Ni d’Ulyssès le sens et la faconde,
Ni éprouver la force de Samson,
Ni regarder que Dalila le tonde,
Ni cure n’ai par nul tour
Des yeux Argus ni de joie gringnour,
Car pour plaisance et sans aÿde d’âme
Je vois assez, puisque je vois ma dame.
De l’image que fit Pygmalion
Elle n’avait pareille ni seconde ;
Mais la belle qui m’a en sa prison
Cent mille fois est plus belle et plus monde :
C’est un droit fluns de douceur
Qui peut et sait guérir toute douleur ;
Dont cil a tort qui de dire me blâme :
Je vois assez, puisque je vois ma dame.
Si ne me chaut du sens de Salomon,
Ni que Phoebus en termine ou réponde,
Ni que Vénus s’en mêle ni Mennon
Que Jupiter fit muer en aronde,
Car je dis, quand je l’adore,
Aime et désir’, sert et crains et honore,
Et que s’amour sur toute rien m’enflamme,
Je vois assez, puisque je vois ma dame.
Nature offre à Guillaume de Machaut trois de ses enfants:
Sens, Rhétorique et Musique.
(Miniature du XIVe siècle)
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