Statue de Marie Noël à Auxerre.
Marie Noël
1883 - 1967
1883 - 1967
Prière du poète
Ô Toi qui donnes l’eau tous les jours à la source,
Et la source coule, et la source fuit ;
Des espaces au vent pour qu’il prenne sa course
Et le vent galope à travers la nuit,
Donne de quoi chanter à moi pauvre poète,
Ton petit oiseau plus fou que savant
Qui ne découvre rien de nouveau dans sa tête
Si dans son cœur tu ne l’as mis avant.
Vous qui passez par là, si vous voulez que j’ose
Vous rapporter du ciel la plus belle chanson,
Douce comme un duvet, rose comme la rose,
Gaie au soleil comme un jour de moisson,
Si vous voulez que je la trouve toute faite,
Vite, aimez-moi, vous tous, aimez-moi bien
Avant que mon cœur las d’attendre un peu de fête
Ne soit un vieux cœur, un cœur bon à rien.
Aimez-moi, hâtez-vous... J’entends le temps qui passe...
Le temps passera... le temps est passé...
Bientôt fétu qui sèche et que nul ne ramasse
Mon cœur roulera par le vent poussé,
Sans voix, sans cœur, avec les feuilles dans l’espace.
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